Le calvaire des maillets

Les calvaires ont été des lieux de l’expression religieuse des populations. Souvent érigés au 19ème siècle, à un carrefour, ils étaient aussi une façon d’attirer les bonnes grâces des dieux et divinités ou pour conjurer le mauvais sort.

Nombreux sont les calvaires érigés à la suite d’une initiative privée, souvent par une famille aisée qui voulait à la fois affirmer sa foi, protéger les siens et rappeler un évènement. Sur ce type de calvaire, on y gravait le nom de la famille commanditaire. C’était aussi un lieu de pèlerinage servant de pauses pendant des processions ou des rogations où le curé en tête s’arrêtait pour bénir les prés et les champs.

Le calvaire des Maillets

Retrouvé en mauvais état dans une haie, il a été restauré par les employés communaux qui ont consolidé son assise et nettoyé le soubassement afin de relever ce qui était gravé.

O CRUX AVE : il s’agit de la salutation chrétienne « O crux ave, spes unica », « Salut, ô croix, (notre) unique espérance » ; la locution est le 1er verset de la sixième strophe de l’hymne « Vegilla Regis » composé au VIème siècle par Venance Fortunat, évêque de Poitiers.

Reconnaissance : Cette croix a été plantée en 1875 en reconnaissance de la guérison du bras du donateur (Athanase GUERIN) et qui, parait-il, étant dans l’état le plus triste nécessitait l’amputation de l’avis des médecins. Elle a été bénie par M.Renault, chanoine titulaire de la cathédrale de Tours. MM. Buisson, archiprêtre d’Amboise ; Blaire, curé de Limeray ; Marcault, curé de St Ouen ; Poulain, curé de Veuves ; Rétif, curé de Monteaux et Briolley, curé de Cangey, étaient présents.

10.8.1875 : date de la bénédiction

A.Guérin-Delaine : Athanase Guérin habitait l’actuel 121 rue des Villages. Il était marié à Isabelle Delaine, petite-fille de Jean-Hilaire Leduc qui fut maire de Cangey de 1818 à 1825. Avant sa restauration, la croix du calvaire, cassée à 20 cm du soubassement, n’a pu être retrouvée. La croix actuelle ressoudée à la base provient de la reprise de la sépulture de Louis-Barthélémy Delaine, beau-frère d’Athanase. Cela reste une histoire de famille…

A l’origine, ce calvaire a été érigé à un carrefour dont un des chemins (celui qui allait vers la Mardelle pour rejoindre la fontaine de la Rivaudière : lieu habité à cette époque comme en témoigne le cadastre napoléonien) a disparu lors du remembrement.

Selon la transmission orale des anciens, ce calvaire servait :

  1. de halte lors de la procession des rogations qui s’arrêtait aussi à celui de la Touche (où reste la base servant à accueillir une croix en bois mais aujourd’hui garnie d’un pied de lavande).
  2. de pèlerinage avec les animaux du village qui étaient disposés en croix afin de recevoir une bénédiction. On y amenait aussi, parfois, un animal malade.

Le plus grand ennemi de nos calvaires, c’est le temps, ajouté trop souvent à l’indifférence, bien que ce patrimoine religieux fasse partie intégrante de notre culture.